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By: ‘Atef al-Joulani.
L’Autorité palestinienne (AP) de Ramallah a été prise au dépourvu par l’opération “Déluge d’Al-Aqsa” du 7 octobre 2023, suivie d’une agression israélienne généralisée sur la bande de Gaza et d’incursions continues dans diverses zones de la Cisjordanie (CMB). Face à ces développements, l’AP s’est montrée confuse, hésitante, impuissante et faible dans sa réponse aux confrontations en cours, soulevant ainsi des questions sur les facteurs qui influent sur la position de l’Autorité palestinienne et sur sa capacité à prendre des mesures concrètes contre ces agressions.
Premièrement : Facteurs déterminants et facteurs d’influence :
Les éléments prédominants qui façonnent les décisions et positions de l’AP face à l’agression israélienne en Géorgie et aux incursions en Cisjordanie et dans la bande de Gaza peuvent être résumés de la manière suivante :
1. L’AP craint pour son existence et son rôle en raison des menaces du gouvernement israélien de droite visant à affaiblir ses fonctions, à limiter son rôle, et à l’accuser de financer le terrorisme. L’absence de condamnation de l’attaque du Hamas le 7 octobre a ajouté à la complexité de la situation. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a clairement indiqué que l’armée israélienne était prête à affronter les forces de sécurité de l’AP, qualifiant les accords d’Oslo qui ont établi cette autorité d'”erreur fatale”.
2. Des divergences d’opinions existent au sein de l’AP quant à la réponse à l’agression contre la bande de Gaza. Une position préconise la neutralité, la prudence et l’attente des développements entre le Hamas et les forces d’occupation, tandis qu’une autre insiste sur la nécessité de prendre des mesures concrètes pour sauvegarder l’image de l’AP et éviter d’être accusée de complicité et d’abandon. Les informations indiquent que Mahmoud ‘Abbas, Hussein al-Sheikh et Majed Faraj ont adopté le premier point de vue, ce qui se reflète dans les décisions et la position actuelle de l’AP.
3. Les obligations de sécurité imposées par les accords d’Oslo contraignent l’AP à coordonner la sécurité avec Israël, à maintenir les conditions de sécurité, et à empêcher les activités de résistance. Contrairement à des situations antérieures où l’AP a évoqué la possibilité de geler la coordination de la sécurité avec l’occupation, il est important de noter qu’aucune position de ce genre n’a été prise concernant l’agression en cours.
4. Les États-Unis ont sollicité l’engagement de l’Autorité palestinienne dans ses visions et ses arrangements pour la gestion future de la bande de Gaza après l’actuelle confrontation avec le Hamas. L’AP a répondu favorablement en exprimant sa volonté de superviser la bande de Gaza dans un cadre politique englobant la Cisjordanie et la bande de Gaza après la cessation des hostilités.
5. La rivalité politique avec le Hamas motive le désir de l’affaiblir en tant qu’opposant politique puissant. Certains leaders influents au sein de l’AP considèrent la confrontation actuelle entre le Hamas et Israël comme une opportunité cruciale pour résoudre la concurrence avec leur rival politique et regagner le contrôle de la bande de Gaza.
6. Les positions de partis arabes influents visent à mettre fin à la domination du Hamas sur la bande de Gaza, à l’affaiblir, et à renforcer le rôle de l’AP en Cisjordanie et à Gaza. Ils cherchent également à freiner l’essor des activités de résistance en Cisjordanie, menaçant l’influence de l’AP.
7. L’Autorité palestinienne appréhende des répercussions économiques en adoptant des positions qui pourraient provoquer la partie israélienne. Israël a choisi de bloquer environ 156 millions de dollars sur les fonds mensuels de dédouanement, arguant que cette somme englobe les salaires, les indemnités des employés et les dépenses de la bande de Gaza. Le cabinet de sécurité israélien explore la possibilité de libérer les fonds de dédouanement gelés en faveur de l’Autorité palestinienne et d’autoriser les travailleurs de la bande de Gaza à œuvrer dans les territoires palestiniens occupés, sous de nouvelles conditions de sécurité.
8. Le déclin de la popularité de l’AP parmi les Palestiniens découle de sa position faible face à la guerre contre la bande de Gaza et de son incapacité à résister aux incursions généralisées en Cisjordanie. Des manifestations de colère dans plusieurs villes cis jordaniennes ont réclamé la démission du président de l’Autorité palestinienne. Un récent sondage d’opinion mené par le Centre palestinien de recherche politique et d’enquête, en collaboration avec la Konrad Adenauer Stiftung, a signalé une baisse significative de la popularité de l’Autorité palestinienne. Environ 58 % des personnes interrogées ont demandé sa dissolution, tandis que 72 % ont soutenu l’opération “Al-Aqsa Flood”, et 64 % se sont opposées à la participation de l’Autorité palestinienne aux réunions avec les États-Unis et les pays arabes, discutant de l’avenir de l’AP après la fin des hostilités.
Deuxièmement : La position de l’AP face à l’agression :
En scrutant les actions et les positions de l’AP au cours des 70 jours de l’agression israélienne contre la bande de Gaza et des incursions constantes dans ses villes, sa position peut être résumée comme suit :
1. L’AP a réagi de manière limitée en se contentant de déclarer son rejet et sa condamnation de l’agression israélienne, sans entreprendre d’actions efficaces et influentes pour y faire face. Elle a ainsi renoncé à son rôle de protection du peuple palestinien, ou du moins a implicitement reconnu son incapacité à le faire.
2. L’AP a participé aux réunions des institutions d’action arabe et musulmane commune et est devenue membre des comités issus de ces réunions pour assurer le suivi de leurs décisions.
3. L’AP a empêché ses forces de sécurité de faire face aux attaques israéliennes en cours en Cisjordanie. Elle a continué à poursuivre les groupes de résistance et à procéder à des arrestations parmi les activistes palestiniens.
4. L’AP s’est efforcée de restreindre les activités populaires en Cisjordanie qui soutiennent la résistance et s’opposent à l’agression israélienne sur la bande de Gaza. Elle a limité les espaces de mouvement populaire et empêché toute interaction avec les forces israéliennes.
5. La mission palestinienne auprès des Nations unies, ainsi que certains ambassadeurs palestiniens, ont efficacement clarifié la position palestinienne, contrecarré le discours israélien et œuvré pour que les résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies en faveur d’un cessez-le-feu soient appliquées. Ils se sont également opposés aux propositions américaines condamnant la résistance.
6. L’AP a évité d’appeler à des réunions nationales conjointes pour renforcer le front interne contre l’agression israélienne. Elle a souligné que l’AP et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) sont les seuls représentants du peuple palestinien, excluant toute autre partie.
Conclusion
En général, la position de l’AP est alignée sur la vision arabe officielle, caractérisée par une perception négative de la résistance militaire palestinienne et des mouvements islamiques réformistes. Elle aspire à remplacer le Hamas dans la gestion de la bande de Gaza.
Bien que se présentant comme le représentant du peuple palestinien, exprimant ses souffrances et aspirations, le comportement pratique de l’AP sur le terrain en Cisjordanie, notamment le maintien de la coordination de la sécurité avec Israël, la répression des mouvements populaires, et la prévention de toute escalade de l’Intifada, de la désobéissance civile, et de la résistance armée, a créé un environnement “confortable” pour Israël. Cela a effectivement empêché plus de trois millions de Palestiniens en Cisjordanie de s’engager dans des activités de résistance, sauf dans des circonstances exceptionnelles.
Il semble que la direction de l’AP adopte une politique d’attente, prévoyant les conséquences de l’agression israélienne en Géorgie. Certains de ses dirigeants envisagent la défaite de la résistance et la domination de l’occupation comme une question de temps. Ainsi, l’AP est prête à assumer l’administration de la Géorgie, mais elle hésite à le reconnaître ouvertement pour éviter l’impression qu’elle profiterait de la situation créée par l’intervention israélienne. Une telle reconnaissance risquerait d’entraîner une détérioration supplémentaire de sa popularité déjà en baisse et de compromettre sa crédibilité. Elle préfère une phase de transition avant d’assumer pleinement ses responsabilités, souhaitant un consensus national si possible et une vision plus large pour un véritable progrès dans le processus de paix.
Par conséquent, il est peu probable que la position de l’AP sur l’agression israélienne en Géorgie change de manière substantielle au cours des prochains jours, compte tenu de l’influence persistante des facteurs mentionnés et de l’attente de la clarification de l’issue de la bataille.
First published in: Al-Zaytouna Centre for Studies and Consultations
Atef al-Joulani Journaliste et auteur jordanien d’origine palestinienne, il occupe le poste de rédacteur en chef du journal Assabeel. Expert en affaires politiques et stratégiques palestiniennes et jordaniennes, il a publié de nombreux articles, analyses politiques, évaluations de la situation et documents. En outre, il est fréquemment sollicité en tant qu’invité par des chaînes de télévision et de radio. Il participe activement à de nombreuses initiatives du Centre al-Zaytouna et apporte une contribution significative à l’élaboration d’évaluations stratégiques.
World and New World Journal (worldnewworld.com), 26/1/2024
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